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Transition vers l’escalade extérieure avec la FQME

Transition vers l’escalade extérieure avec la FQME
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Climbing Escape

Par Gabriel Frappier (il), grimpeur et moniteur d’escaladeUne entrevue avec Mijanou Colbert (elle), responsable des relations avec la communauté pour la FQME

RETOUR AUX SOURCES

Ça y est, la belle saison est de retour! Pour plusieurs d’entre nous, ça signifie une seule chose : le temps est venu de retrouver nos parois préférées.

Il y en a qui s’attaquent déjà au granit la tête haute et les abdos fermes, endurci∙e∙s par leurs séances régulières durant l’hiver. Les autres (comme moi), qui ont à peine grimpé pendant la saison froide, doivent se dénouer les muscles avant d’attaquer leurs projets.

Il existe une troisième catégorie : les gens qui ont le goût, mais… qui n’ont jamais essayé. Cet article, un survol des bonnes pratiques à adopter sur les sites extérieurs, a été écrit à leur intention. Il pourra aussi servir de rappel amical à toute la communauté.

MISE EN SITUATION (BURLESQUE)

Par un joli samedi matin du mois de juillet, approchant de ta paroi préférée, tu entends peu à peu résonner les basses du dernier succès de Loud

Soudain, sept chiens hyperactifs sortis de nulle part t’encerclent et te jappent dessus à gueule-que-veux-tu. Leurs maîtres tentent de les rappeler, sans succès. 

Un peu mal à l’aise, tu poursuis ton avancée vers le secteur où tu comptais te réchauffer. Sur place, tu constates avec désarroi que les voies modérées du mur sont toutes occupées par des cordes abandonnées.

Tu prends ton courage à deux mains et tu te rends au secteur suivant. En débouchant sur le site, ton cœur s’arrête de battre un instant.

Sous les notes de I’m sexy and I know it, une quinzaine de compères se gueulent du beta, entourés d’enfants jouant au roi du rocher. Une traînée d’emballages mène au dude le plus swag du groupe en train de se griller des saucisses. La horde de chiens hyperactifs rapplique : ils ont flairé la bonne affaire.

Alors qu’éclate une escarmouche canine épique autour des saucisses laissées de côté par M. Swag pendant qu’il s’asperge d’une quantité abusive de OFF, tu cèdes au découragement et tu rentres à la maison.

Évidemment, il s’agit d’une totale exagération. Mais pourquoi ne pas profiter du retour de la belle saison pour discuter de bonnes pratiques à adopter en escalade de roche, question qu’on puisse profiter de journées de grimpe empreintes de respect et de légèreté?

Retour aux sources avec Mijanou Colbert, de la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME).

LA FÉDÉRATION

Commençons par la base : quel est l’objectif de la FQME?

On est l’entité qui chapeaute l’escalade et le ski de montagne au Québec. On fait la promotion de ces disciplines, tout en s’assurant qu’elles sont pratiquées de manière sécuritaire. Il y a environ 180 sites sous notre gouverne. 

La FQME a été fondée en 1969. On est membres de l’Alliance internationale de l’alpinisme (UIAA). On suit l’évolution des normes de sécurité et on les adapte à la réalité québécoise. Pour plus d’informations sur notre histoire, je vous invite à visionner le documentaire La FQME : 50 ans, c’est jeune.

Comment encadrez-vous les sites d’escalade?

On le fait via un programme de formation qui encadre l’ouverture et l’aménagement des voies. La formation est divisée en deux sections : le volet aménagiste, pour apprendre à créer des sentiers sécuritaires, et le volet ouvreur-équipeur, qui permet d’ouvrir sa première voie en recevant une rétroaction. 

De cette façon, on s’assure que l’équipement présent sur nos parois a été installé par des personnes qualifiées, qui ont suivi un processus de formation rigoureux. Ça contribue à faire en sorte que nos sites soient des lieux sécurisés à la pratique de l’escalade.

COMMENCER EN ESCALADE EXTÉRIEURE

Que recommandes-tu à quelqu’un qui débute en escalade?

Je suggère fortement aux néophytes de commencer par l’escalade intérieure, question d’apprendre la gestuelle, la technique d’assurage et le nœud en huit. Ensuite, on peut suivre un cours de transition extérieure, pour apprendre à concevoir un relais et à descendre en rappel. Voici la liste des organismes reconnus qui le dispensent. Un cours de premiers soins est aussi une bonne idée.

Quelles sont les consignes d’accès aux sites?

Voici les principaux éléments requis pour les ascensionnistes souhaitant s’aventurer dehors :

  1. Avoir les compétences pour faire l’activité
  2. Posséder le matériel nécessaire en bon état
  3. Acquitter les droits d’accès (stationnement, frais d’entrée, frais FQME)
  4. Respecter les consignes du site (camping, feux, animaux)

On peut trouver une foule d'informations en temps réel sur la page État des sites d’escalade du Québec. On y voit si le lieu est temporairement fermé, si les chiens sont autorisés ou si une école sera présente ce jour-là, notamment.

Nos sites d’escalade ne sont pas des lieux de camping, mais certains clubs régionaux ont aménagé des sites à contribution volontaire. Pour plus d’informations, consultez la carte interactive des sites.

METS DU RESPECT DANS TON CRAG

Pourquoi le code d’éthique est-il essentiel?

On vit dans une société, et quiconque n’aime pas ça peut s’ouvrir son crag et faire ce que bon lui chante (rires). Mais sur les sites FQME, on rencontre d’autres gens. Question de rendre ça agréable pour tout le monde et de conserver notre droit d’accès aux sites, on a mis sur pied un code d’éthique.

Tous les sites d’escalade de la province appartiennent à une personne ou à une entité. Qu’il s’agisse d’un parc, d’une municipalité ou d’un individu, la plupart des propriétaires nous laissent entrer chez eux gratuitement. Et au Québec, la loi sur la responsabilité civile est mal faite. Si je me rends chez toi et que je me casse une jambe, je pourrais techniquement te poursuivre… même si tu ne m’as pas invitée!

Cette réalité fait en sorte qu’il est nécessaire de fédérer un site pour pouvoir y accéder. En tant que propriétaire, si un accident se produit sur mon terrain, je ne veux pas m’exposer à des poursuites.

En fédérant le site, on assure les propriétaires en responsabilité civile et on leur garantit que les visiteurs seront membres de la FQME, donc couverts par nos assurances. Si un accident se produit et que des poursuites s’ensuivent, les propriétaires pourront dormir sur leurs deux oreilles : la FQME va s’en occuper à leur place. Bref, sans la fédération, de nombreux sites seraient inaccessibles. 

Pourquoi prioriser les petits groupes?

Les grands groupes prennent de la place, ce qui devient problématique lorsqu’ils agissent comme si le site leur appartenait, empêchant les gens de circuler et occupant tout l’espace. Dans l’esprit de ne pas monopoliser un site, on privilégie les petits groupes. C’est correct de venir en grand groupe si on reste courtois et qu’on communique bien. On peut aussi s’annoncer sur la page État des sites.

Comment résumerais-tu le concept du « Sans Trace »?

Quand on quitte un site, il ne devrait y avoir aucune trace de notre passage. Je ne parle pas seulement de papier de toilette ou d’emballages de barre tendre. Ce n’est pas correct de lancer un trognon de pomme dans la nature, même s’il est compostable. On ne devrait pas tasser la végétation ou écraser quoi que ce soit, on devrait aussi gérer adéquatement les déchets humains.

Pourquoi doit-on effacer nos marques de craie (tick mark)?

L’expérience que l’on recherche quand on grimpe à l’extérieur est empreinte de découvertes. Quand toutes les bonnes prises sont indiquées, on perd un élément essentiel de l’apprentissage, et ça ne respecte pas le « Sans Trace ». Bref, c’est correct de faire des marques pendant une séance, mais effaçons-les ensuite.

Pourquoi est-il important de limiter le bruit?

On se trouve dans un milieu naturel, alors autant par respect pour la faune que pour les autres, on évite la musique et les cris d’encouragement excessifs. En règle générale, il y a davantage de gens sensibles au bruit que de personnes qui le trouvent agréable.

Qu’est-ce qu’on entend par « Partageons les moulinettes »?

C’est correct de laisser des cordes de moulinettes installées sans les utiliser, parce que nos camarades vont faire la voie plus tard. Par contre, il faut que ce soit clair pour les autres personnes présentes que les cordes sont à partager. Il est aussi possible qu'on retire notre corde pour grimper la voie en premier de cordée.

En général, les chiens sont-ils permis?

L’information est indiquée dans le document État des sites

  1. Si les chiens sont autorisés, l’animal doit toujours être en laisse.
  2. S’ils sont interdits, c’est qu’on a essuyé un refus catégorique.
  3. Si rien n’est énoncé, ça signifie qu’on n’a pas reçu de réponse ferme.

Que faire lorsqu’on est témoin de comportements problématiques?

Un des éléments fondamentaux de l’éthique est la conscience que certaines personnes ne sont pas au courant des bonnes pratiques. L’attitude à prendre, selon moi, est d’approcher les gens avec respect et le désir de communiquer. Dès qu’on remarque des manquements en matière de sécurité ou autre, il est préférable d’adopter une attitude d’ouverture et de partage, plutôt que de repli sur soi en ayant peur de déranger. Ça aide à bâtir une communauté saine.  

Est-ce obligatoire d’avoir des assurances pour grimper au Québec?

Oui, pour pouvoir accéder aux sites d’escalade, il est nécessaire de souscrire à une assurance. C’est une clause dans notre entente avec les propriétaires de terrains. En payant le droit d’accès journalier à la FQME ou l’abonnement annuel, on peut grimper la tête tranquille.

Il y a deux choses importantes à noter concernant l’assurance de la FQME :

  1. On doit être membre de la RAMQ.
  2. Ce n’est pas une assurance-invalidité. Si on n’est plus en mesure de travailler suite à une blessure d’escalade, notre salaire n’est pas couvert.

Attention, notre assurance couvre la grimpe sur les sites FQME seulement. Si l’on sort de la province (ou des sentiers battus), ça prend une assurance-voyage. On recommande TUGO, qui offre la police la plus complète.

Pour terminer, que dirais-tu à une personne qui est intimidée de grimper à l’extérieur?

Je lui dirais : « Go! Commence quand même. » (rires) Les ressources sont abondantes, notamment les écoles de montagne. Elles offrent des initiations, des cours avancés et parfois un club d’escalade.

En résumé, voici quelques conseils pour se sentir plus à l’aise en commençant : 

  1. Suivre un cours de transition extérieure, question de devenir la personne qui prend en charge l’installation des cordes au sein de notre groupe.
  2. S’impliquer auprès de son club régional, qui offre régulièrement des journées d’initiation, des soirées film et d’autres activités.
  3. Participer au Festiroc, le rassemblement annuel de la FQME. C’est une occasion unique de découvrir la communauté sous toutes ses facettes. La 13e édition va se dérouler du 1er au 3 septembre 2023, à St-Alphonse-Rodriguez.

Quoiqu’il en soit, la communauté de l’escalade extérieure est très dynamique, et on est toujours enthousiastes de pouvoir compter sur de nouveaux membres!

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