David Bicari est un artiste visuel qui évolue sous le pseudonyme LeBicar. Depuis quelques années, il se fait de plus en plus visible sur la scène artistique montréalaise, notamment grâce à Bloom, l’iconique fleur dessinée qui se multiplie au rythme de nombreuses collaborations auxquelles participe son créateur.
Tantôt de simples traits noirs sur fond blanc, tantôt symbole d’émancipation, le projet de LeBicar pollinise petit à petit le paysage urbain montréalais.
Vous l’avez peut-être aperçu sur des skates, des planches de surf, projeté sur des édifices du Québec, en exposition au Livart, sur des chaussettes… et maintenant sur une collection inédite de Shop Café Bloc!
LeBicar est issu de la streetculture de Montréal. Artiste visuel, directeur artistique, producteur et aussi skateboarder à ses heures, c’est dans les rues de la métropole et dans la communauté skate qu’il a trouvé inspiration et émancipation.
Que ce soit d’un point de vue intérieur en tant que montréalais ou même en ayant un regard externe sur la ville, LeBicar considère Montréal comme un phare pour les artistes et la métropole est avant tout sa principale source d’inspiration. Il soutient également que depuis qu’il a déménagé en campagne et qu’il s’est éloigné de certaines distractions pour créer, il a maintenant une perspective différente sur la ville et la communauté skate qui lui font les apprécier d’autant plus.
Le skateboard, ce sport propre à la contre-culture et qui est nourri par les gens et la communauté, a été sa façon d’explorer et de vivre une passion.
« C’est là que j’ai découvert à apprendre à apprendre, à être persévérant, à tomber et à me relever, » explique-t-il, « Le moment de grâce quand tu réussis : il ne dure pas longtemps, mais finalement, tu veux toujours aller le rechercher. »
La pratique du skateboard lui a permis de comprendre tous·te·s les passionné·e·s de ce monde. « Que ce soit des gens passionné·e·s de l’escalade, de guitare, de vélo… Je peux comprendre la place que ces activités de persévérance et de dépassement peuvent avoir au cœur d’une vie. »
Et, c’est également ce mantra qui l’a guidé, et qui le guide toujours dans son cheminement artistique : la passion et la communauté avant tout.
Son projet de fleur dessinée, Bloom, n’est pas sans rappeler les tags et les graffitis qui ornent le paysage urbain et qui agit comme un personnage capable d’incarner à la fois tout et rien. « Bloom fait tout ce qui permet de s’émanciper… de bloomer, dans le fond », propose David. Cette fleur que l’on peut voir effectuant diverses activités du quotidien possède ce pouvoir d’être aussi anonyme que singulière, où quiconque peut s’y rattacher d’une manière ou d’une autre. LeBicar essaie notamment d’exploiter ce concept à différentes sauces, et c’est là que la créativité prend toute sa force, selon lui.
Le concept d’une illustration aussi versatile et polyvalente, c’est qu’elle soit martelée au maximum, affichée partout et qu’elle vive le plus possible. « Plus c’est bold, plus ça fonctionne », affirme-t-il. C’est pourquoi il n’hésite pas à rendre Bloom accessible : tant sur des vêtements que par impression, tous·te·s peuvent être porteur·euse·s du projet. En d’autres mots, ce sont les gens et la communauté qui font vivre son art. C’est là la raison première pour laquelle l’artiste montréalais crée : pour rassembler les gens.
« On vit dans une société où les gens ont besoin de symbole et de comprendre à travers les autres, et l’art crée une discussion, une étincelle… » —LeBicar
Rien de surprenant, donc, lorsqu’il nous affirme que sa démarche est motivée par son désir de connecter avec les autres. Que ce soit pour ses propres créations ou en tant que consommateur d’art, il accorde plus d’importance sur le parcours de chacun·e qu’au produit fini.
Il faut le dire : l’homme derrière LeBicar est très terre à terre, sensible et… humain. C’est ce qui explique son attirance pour les œuvres plus organiques et spontanées. Il s'efforce de comprendre l’état de la personne quand elle l’a créé, et cela se perçoit moins lorsque la pièce est trop léchée, travaillée.
« Je vais tout le temps chercher le défaut, la trace de crayon mine, le trait de crayon trop rough… c’est ce qui humanise l’œuvre. C’est ce que je recherche dans l’art des autres, et dans mon travail aussi. » ajoute-t-il.
C’est dans la motion et dans la spontanéité qu’il ressent l’émotion d’un·e artiste. Il juge donc intéressant de ne pas trop laisser murir une idée. En tant qu’autodidacte, il soutient que c’est la répétition qui fait la perfection, et non pas en réfléchissant trop au concept.
« La force de l’art, c’est que ce ne soit pas mécanique, mais plus émotif ».
Suivant ce principe, David Bicari dessine de manière très spontanée et intuitive. En pleine discussion avec la page blanche, il laisse aller sa créativité, produit et explore des heures durant.
« Mon atelier est vraiment un safe space pour ma spontanéité et ma bulle créative. » explique-t-il. « Dans mon garage, je peux passer cinq heures à juste passer des feuilles et à explorer de nouveaux trucs. »
Son coup de crayon intuitif et quelque peu brouillon est devenu sa marque de commerce. Et quant à son utilisation stricte de l’épais trait noir sur fond blanc, il s’agit sans aucun doute de la façon la plus simple et efficace d’exprimer un concept complexe. Mais bien qu’il travaille avec le contraste le plus fort, et issu de la streetculture d’où émanent souvent des idées et un mode de vie marginaux, LeBicar ne se considère pas comme un artiste radical.
« En travaillant en noir et blanc, justement, tout se trouve dans la nuance. Il y a quelque chose d’intéressant dans les extrêmes, mais être radical en tant qu’artiste, j’ai l’impression que ça n’ouvre pas la discussion. »
Il s’en tient plutôt à transmettre un message d’espoir et de résilience, un rôle qui colle bien à sa personnalité. Éternel optimiste à travers ses œuvres dynamiques et joviales, il essaie toutefois de ne pas trop jouer le « débile heureux » : « Il y a toujours des périodes de doutes. Oui, [mon art] est optimiste, mais il y a une nuance à faire. Quand je vais être tanné de faire des fleurs et de dire au monde que la vie est belle, peut-être que la fleur va faner, peut-être que ce sera quelque chose de plus triste ».
En attendant, LeBicar continue de faire vivre le plus possible Bloom, son projet qui n’est pas près de faner!